MoSCoW : Priorisez vos projets supply chain
MoSCoW : la méthode de priorisation préférée des supply chain managers
Dans un contexte où les directions logistiques jonglent avec des projets nombreux, des ressources limitées et des délais serrés, la méthode MoSCoW offre une grille de lecture simple mais redoutablement efficace. Venue du monde du développement agile, elle repose sur une catégorisation des tâches selon quatre niveaux de priorité : Must, Should, Could, et Won’t.
- "Must" désigne les projets critiques, sans lesquels les opérations sont bloquées.
- "Should" représente les projets importants, mais dont le report ne remet pas en cause la continuité de service.
- "Could" regroupe les projets utiles mais non essentiels.
- "Won’t" identifie les actions mises de côté temporairement.
Ce cadre permet une lecture instantanée des arbitrages à mener. C’est ce qui en fait l’outil de prédilection des responsables supply chain confronté.e.s à des tensions organisationnelles permanentes. Son succès réside aussi dans sa capacité à fédérer les équipes autour d’un langage commun et d’une grille d’analyse claire.
Supply chain tendue : pourquoi MoSCoW devient indispensable
L’explosion des coûts logistiques, la pression sur les délais, les ruptures fournisseurs, la digitalisation accélérée… Tous ces facteurs convergent pour créer une surcharge chronique de projets dans les organisations. À cela s’ajoutent des enjeux de transformation structurelle (décarbonation, automatisation, nearshoring) qui complexifient encore davantage la prise de décision.
Dans ce contexte, les directions supply chain doivent trancher vite, justifier leurs arbitrages, et garder le cap stratégique. La méthode MoSCoW leur permet de structurer cette priorisation en impliquant les parties prenantes, tout en réduisant les conflits de priorité.
Prenons un exemple : une direction logistique hésite entre migrer son TMS, mettre en place un plan de continuité, ou automatiser la préparation de commandes. MoSCoW permet de hiérarchiser ces initiatives selon leur impact sur la continuité des flux, la sécurité des opérations, et le ROI à court terme. Mais elle permet aussi de justifier ces arbitrages auprès de la direction générale, des équipes terrain et des fonctions support.
Comment structurer vos décisions avec MoSCoW ?
La mise en place de la méthode suit une démarche claire. D’abord, il faut établir une cartographie complète des projets en cours ou envisagés. Ce travail de cadrage est essentiel pour sortir de la confusion. Il doit inclure les projets IT, les projets de process, les plans d’investissement, les initiatives RSE ou de conformité réglementaire.
Ensuite, une réunion de priorisation doit être menée avec l’ensemble des directions concernées : logistique, achats, production, finance, IT, direction générale. Chacune doit pouvoir exprimer ses contraintes et ses urgences. Ce travail transversal permet aussi de révéler les doublons, les incohérences ou les projets orphelins.
La catégorisation M/S/C/W doit être faite de façon collective, avec des critères partagés (impact client, risque opérationnel, faisabilité, rentabilité). Cette étape réduit les frictions interservices et aligne tout le monde sur les objectifs business. Elle peut être formalisée dans un tableau partagé, un outil de gestion de portefeuille projet, ou même un simple canevas Excel collaboratif.
Enfin, un plan d’action est formalisé, avec un pilotage centré sur les projets "Must", tandis que les autres sont cadencés selon les ressources disponibles. Le suivi doit être mensuel, pour réévaluer les statuts à mesure que le contexte évolue. Ce rituel court permet d’ancrer la méthode dans le quotidien des équipes.
Les erreurs à éviter avec MoSCoW
Une des dérives les plus fréquentes consiste à surcharger la catégorie "Must", ce qui revient à ne rien prioriser du tout. La crédibilité de la méthode repose sur l'exigence du tri. Il est essentiel de limiter les "Must" à 15 à 20 % maximum des projets identifiés.
Une autre erreur est l'absence de critères formels : sans grille d’évaluation, les décisions restent arbitraires et inefficaces. Il est conseillé d’associer MoSCoW à une méthode de scoring plus objective, comme la matrice valeur/effort, un ROI pondéré ou encore un impact map.
Enfin, trop d’entreprises appliquent MoSCoW une seule fois, comme un exercice figé. Or, la valeur de l’outil réside dans sa mise à jour continue, alignée sur l’évolution des risques, des budgets et des objectifs stratégiques. Une MoSCoW efficace est vivante, évolutive, documentée.
Quels profils pour piloter cette priorisation ?
Mettre en œuvre MoSCoW avec rigueur nécessite des profils capables de fédérer, d’arbitrer et de structurer. En logistique, les chefs de projet expérimenté.e.s sont en première ligne. Ils ou elles connaissent les contraintes terrain, parlent le langage des opérations, et savent transformer les urgences en feuilles de route claires.
Les responsables amélioration continue jouent également un rôle clé. Leur approche analytique et leur culture ROI permettent de structurer les débats avec objectivité. Ils savent aussi animer des ateliers de priorisation et challenger les besoins exprimés.
Enfin, les directions supply chain doivent porter cette dynamique au niveau stratégique, en veillant à l’alignement global avec le plan industriel et commercial. Leurs décisions pèsent directement sur la résilience des flux, la satisfaction client et la performance économique.
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Pourquoi ces profils sont rares… et comment les recruter
Les profils capables de piloter une démarche comme MoSCoW sont rares pour deux raisons : ils doivent à la fois maîtriser les outils de pilotage projet, comprendre les enjeux opérationnels, et posséder des compétences interpersonnelles avancées. Ce sont des profils transverses, exigeants, et peu nombreux sur le marché.
Ce sont souvent des profils passifs, déjà en poste, peu visibles sur le marché. Ils ne répondent pas aux offres classiques et privilégient les projets porteurs de sens. C’est là que l’approche Lynkus fait la différence : notre équipe identifie ces talents via des canaux confidentiels, et les évalue sur leur capacité à structurer, prioriser, décider dans l’incertitude.
Nous analysons aussi leur compatibilité avec votre culture d’entreprise, leur capacité à faire bouger les lignes et à faire adhérer les parties prenantes. Car piloter une priorisation, c’est aussi un sujet de leadership.
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MoSCoW dans une stratégie S&OP, digitale ou RSE
La méthode MoSCoW s’intègre parfaitement à une démarche S&OP. Elle permet de classer les projets d’optimisation selon leur contribution à la planification des ressources, à la réduction des coûts ou à la sécurisation des flux. C’est un levier de synchronisation entre les opérations, la finance et le commerce.
Elle est aussi redoutablement efficace dans les stratégies de digitalisation. Face à une feuille de route ERP ou TMS dense, elle aide à trier entre les initiatives indispensables et les projets à valeur secondaire. MoSCoW devient alors un outil de gouvernance IT.
Côté RSE, elle permet de prioriser les investissements logistiques responsables en fonction de leur impact, de leur faisabilité et de leur acceptabilité terrain. C’est une aide précieuse pour piloter une stratégie de décarbonation réaliste. Elle permet aussi de structurer des feuilles de route ISO 26000 ou CSRD.
Elle s’intègre également dans les approches lean ou kaizen, en tant qu’outil de choix des chantiers d’amélioration continue. En somme, MoSCoW est un outil passerelle entre la vision stratégique et les réalités opérationnelles.
Pour aller plus loin
- Cartographie des logiciels supply chain
- KPI fournisseurs : que suivre ?
- Tendances 2025 pour la supply chain